Noël sans (trop) consommer ? Une autre approche des fêtes

Chaque année, les habitudes des consommateurs sont scrutées à l’approche de Noël, et chaque média y va de son pronostic sur l’achat des cadeaux, du repas, les économies ou les dépenses… Une attention qui montre à quel point la (sur)consommation paraît indispensable à cette période, quitte à se mettre en danger financièrement. Et si, en ces temps de crise économique et sociale, l’attention et la générosité passaient par autre chose que l’achat de cadeaux individuels ?

 

En 2024, le budget prévisionnel des françaises et français pour Noël apparaît au plus bas depuis 2017 : il serait de moins de 500 € par personne, d’après une enquête pour Cofidis, alors qu’il s’élevait à 549 € en 2023. Les cadeaux apparaissent toujours comme le premier poste de dépense (323 € par personne), avant les repas (132 € en moyenne). Néanmoins, ces chiffres sont peu représentatifs des énormes disparités, en fonction de l’âge d’abord : 326 € de dépenses environ pour les 25-34 ans contre 718€ pour les 65 ans et plus. Mais aussi en fonction des situations sociales : selon le baromètre de l’association Dons Solidaires, 33% des français s’inquiètent de ne pas pouvoir offrir de cadeaux à Noël, et 59% des parents jugent ne pas pouvoir offrir les cadeaux souhaités à leurs enfants.

Même si l’inflation a baissé par rapport aux années précédentes, il ne faut pas oublier la précarité chronique de certains ménages, que la crise énergétique et l’austérité n’ont pas ménagé cette année. Les mères seules sont les plus exposées à cette précarité, comme le rappelle un directeur d’études à l’IFOP : elles cumulent difficultés économiques et isolement social tout en cherchant à faire plaisir à leur enfant. Ainsi, plusieurs familles sacrifient leurs économies et leurs dépenses personnelles pour obtenir des cadeaux pour les plus jeunes. Car la période de Noël, quel que soit l’argent ou le temps que l’on peut y consacrer, reste une injonction à la dépense. Selon le sondage Cofidis, un tiers des sondés disent ne pas chercher à limiter leurs dépenses cette année, soit le plus haut niveau enregistré depuis 2021.

Des cadeaux à tout prix : un effet pernicieux ?

Ces données interrogent sur ce que les consommateurs sont prêts à faire pour maintenir un haut niveau de dépenses au moment des fêtes. Si un journal comme le Figaro voit avec optimisme cette volonté de consommer, symbole d’un pouvoir d’achat en hausse, on peut aussi douter de la viabilité de ce modèle. Cette frénésie d’achats contribue à exclure les personnes qui n’en ont pas les moyens, mais qui sont prêtes à tout pour que leurs enfants aient accès aux cadeaux désirés, comme le rapporte Dons Solidaire dans son baromètre. Qui plus est, on sait que cette surconsommation est néfaste pour l’environnement, en contribuant à une surproduction de produits neufs et à l’augmentation des déchets, comme nous l’avons montré dans un précédent article.

Ainsi, en parallèle de cette course aux achats se construit un autre modèle, où l’on offre moins mais mieux. Si la tendance reste d’acheter en moyenne 7 cadeaux pour Noël, certaines familles réduisent, voire bannissent les cadeaux de leurs fêtes de fin d’année. Déjà en 2022, 18% des français ne comptaient pas faire de cadeaux à Noël. Les motifs sont variés, mais relèvent autant de préoccupations environnementales ou sociales, que d’économies d’argent et de temps. Car la pression des cadeaux relève d’une charge mentale parfois épuisante, accentuée par une publicité omniprésente et agressive, et une injonction au “cadeau idéal” qui nous oblige à passer de boutique en boutique, le plus souvent surpeuplées. Certains témoignages font donc état d’un épuisement physique et psychique face à cet emballement, et privilégient, avec l’accord des proches, des noëls moins dispendieux.

Offrir n’est pas seulement acheter

Acheter moins ou pas du tout ne revient pas pour autant à ne plus rien célébrer. Ni à se montrer égoïste. Cette joie d’offrir et de recevoir, propre à la période, peut passer par d’autres pratiques. Ainsi, la tradition du “secret Santa”, selon laquelle chaque personne d’un groupe offre un seul cadeau à un autre membre tiré au sort, permet de perpétuer la tradition du cadeau tout en minimisant son enjeu et son poids financier. A l’inverse, on peut garder l’idée d’un cadeau personnel sans pour autant multiplier les achats, en proposant des cadeaux faits soi-même : poèmes, objets, dessins ou même gâteaux fait-maison, selon ses compétences.

Enfin, si Noël doit rester un moment de partage, on peut l’envisager autrement qu’en donnant un gage matériel. Le temps passé avec les proches, l’aide à l’élaboration du repas, l’attention donnée aux enfants, aux personnes âgées, mais également à des personnes extérieures dans le besoin, sont aussi des cadeaux et participent assurément à l’esprit de Noël. Dans cet article, nous proposons des idées de dons et de cadeaux solidaires, qui ne nécessitent pas de vider son porte monnaie. Sans renoncer aux plaisirs de la fête, songeons que la valeur d’un Noël ne dépend pas de la somme dépensée pour le célébrer.

Des cadeaux de fin d’année éthiques et écoresponsables

Des cadeaux de fin d’année éthiques et écoresponsables ?

Les consommateurs ont un certain pouvoir : sans nos achats, les marques ne survivraient pas.

Chacun sait que l’impact de l’industrie de la mode sur l’environnement est globalement plutôt néfaste, pour la qualité de l’eau notamment. A cela il faut ajouter que certaines marques sont connues aussi pour leurs politiques contestables en matière de fabrications, n’hésitant pas à faire appel à des entreprises aux méthodes esclavagistes (conditions de travail indécentes, salaires dérisoires, absence de sécurité) et controversées (travail des enfants) ou même à avoir recours en Chine au travail forcé des Ouïghours.

Sans vouloir culpabiliser les consommateurs, il est bon de dénoncer les marques ayant ce type de pratiques non éthiques et d’informer le grand public. Vous pouvez trouver aisément sur internet la liste relativement longue des entreprises concernées.  Raphaël Glucksmann et de nombreux journalistes ont enquêté à ce sujet et dénoncé les dérives observées. Les premières révélations datent déjà de plusieurs années et rien ne semble malheureusement bouger. Aujourd’hui Shein reste, par exemple, le site le plus utilisé par les adolescentes. Faut-il appeler au Boycott de ces marques pour espérer avancer ?

Dans un tel contexte, le prix et la qualité du produit ne devraient pourtant plus être à l’évidence les seuls critères d’achat.

Nous vous invitons donc, en cette période de fêtes de fin d’année, à vous renseigner sur les conditions de travail des employés des marques où vous envisagez d’acheter, à rechercher où les fabrications ont lieu et par qui elles sont assurées.

Une fabrication réalisée en Europe évitera le recours au travail forcé des ouighours et permettra également une moindre empreinte carbone, en raison d’un trajet de transport plus court. De plus certaines marques ont choisi de s’inscrire dans une démarche éthique et écoresponsable. Vous pouvez consulter les sites où elles sont identifiées et peut-être choisir de les privilégier.