Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat
Pour une politique à la hauteur des enjeux écologiques, de justice sociale et de santé publique
Le Conseil National de l’Alimentation (CNA) a été missionné en février dernier par trois de ses Ministères de rattachement (Santé, Environnement, Agriculture) pour contribuer à l’élaboration de la future Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), dont la publication est prévue en juillet 2023. L’ADEIC ULCC et le CNAFAL ont participé à ces travaux.
La contribution du CNA à cette stratégie nationale a été adoptée en séance plénière le 5 avril 2023 (par 41 voix pour, 18 voix contre et 7 abstentions).
17 objectifs stratégiques pouvant servir de base à l’élaboration de la SNANC ont été identifiés, structurés autour de 6 axes. Ces orientations vont permettre de fixer des caps et des échéances pour la stratégie nationale à adopter.
Des combats d’arrière-garde ?
Curieusement, alors que les enjeux concernant les évolutions climatiques, la gestion de l’eau et de l’environnement, les choix d’exploitation et de production pour garantir une alimentation et des systèmes alimentaires plus durables, s’avèrent aujourd’hui primordiaux, des « dissensus » importants sont apparus, lors des débats et au moment du vote. La FNSEA et le réseau des coopératives agricoles ont ainsi choisi de voter contre cette contribution.
Le monde agricole est confronté à des évolutions qu’il a visiblement beaucoup de difficultés à accepter et affronter. Les évolutions sont pourtant incontournables, tant en métropole que dans les territoires ultramarins car, même en zone de montagne, nous observons une pénurie d’eau et des hausses constantes de température.
Il est donc prioritaire aujourd’hui de prendre en compte ces changements d’ordre climatique et de s’adapter rapidement aux nouvelles contraintes identifiées, en cohérence avec la politique agricole européenne.
Des choix à effectuer
Dans le contexte d’inflation que nous traversons et compte tenu des dérives observées encore récemment (dans les entreprises Buitoni et Ferrero, pour les produits Kinder notamment), des décisions s’imposent. La santé publique et l’accessibilité de tous à une alimentation de qualité (saine, sûre et durable) doivent être des priorités de la SNANC, qui devra désormais fixer un cap clair pour la transition de notre alimentation, fondée sur :
- La hausse de la consommation de fruits et légumes frais et de sources de protéines végétales, comme les légumineuses et les céréales complètes.
- La baisse de la consommation de produits trop gras, trop sucrés et trop salés, ainsi que des produits ultra-transformés. Une réduction aussi de la viande et de produits laitiers, afin de garantir un meilleur équilibre alimentaire.
En réponses aux dérives et à la précarité vécue par les ménages les plus modestes, il est indispensable que la SNANC définisse des règles claires en matière d’alimentation et que l’État assume mieux à l’avenir ses responsabilités, en effectuant les contrôles appropriés qui s’imposent.
Les engagements volontaires des entreprises ont malheureusement leurs limites (que ce soit en termes de production, de contrôle ou de marketing), nous avons pu le constater. La responsabilité ne doit pas reposer non plus uniquement sur les consommateurs, qui ont aujourd’hui de grandes difficultés à obtenir des informations fiables sur les produits et leurs origines. Il faut impérativement améliorer la qualité de l’offre alimentaire, en réglementant plus strictement la publicité et le marketing des entreprises et de la grande distribution sur les produits vendus.
Face à la pression de certains lobbies agricoles, des industriels de l’alimentaire et des enseignes de la grande distribution, réticents à toutes formes d’évolutions, l’ADEIC ULCC a choisi de signer un plaidoyer avec 84 autres organisations adressé sous forme de lettre ouverte à la Première Ministre Élisabeth Borne le 15 mai dernier, pour que la future stratégie nationale en matière d’alimentation, de nutrition et de climat soit ambitieuse et pleinement à la hauteur des enjeux écologiques, sociaux et de santé publique identifiés.
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